Plusieurs différents types de nématodes phytoparasites peuvent nuire aux grandes cultures et aux cultures horticoles. Ils sont classés par catégories selon qu'ils se nourrissent à l'intérieur (endo) ou à l'extérieur (ecto) de la plante et qu'ils se déplacent lorsqu'ils se nourrissent (migrateurs) ou restent au même endroit (sédentaires). Notamment :

Nématodes ectoparasites (se nourrissent à l’extérieur de la plante) :

  • nématode à dague (Xyphinema )
  • nématode à lancette (Longidorus spp.)
  • nématode à stylet (Paratylenchus)
  • nématode spiralé (Helicotylenchus spp.)
  • nématode du rabougrissement (Tylenchorhynchus spp.)

Nématodes endoparasites migratoires (se déplacent à l’intérieur de la plante en se nourrissant) :

  • nématode des racines (ou nématode radicicole) (Pratylenchus penetrans et autres espèces)
  • nématode des tiges et des bulbes (Ditylenchus dipsaci)

Nématodes endoparasites sédentaires (restent au même endroit à l’intérieur de la plante pour se nourrir) :

  • nématode cécidogène du nord (Meloidogyne hapla)
  • nématode à kystes du soya (Heterodera glycines)
  • nématode à kystes de l’avoine (Heterodera avenae)
  • nématode à kyste de la carotte (Heterodera carotae)
  • nématode à kyste du tabac (Globodera tabacum)
  • nématode à kystes de la betterave (Heterodera schachtii)

Certains nématodes ont une gamme restreinte d’hôtes (comme le nématode à kystes du soya), tandis que d’autres disposent d’un vaste éventail d’hôtes, constituant ainsi une menace pour plusieurs cultures différentes (comme le nématode des racines). Le nématode à kystes du soya est présent dans la majeure partie de l'Ontario et est considéré comme la maladie du soya causant le plus de dommages dans le monde. Les nématodes à kystes sont difficiles à maîtriser par la seule rotation des cultures, car le kyste durci protège les œufs, ce qui leur permet de survivre pendant de nombreuses années en l'absence d'une plante hôte.

Le nématode des racines est très répandu en raison de son large éventail d'hôtes et on peut le trouver partout en Ontario. Il est considéré comme étant le nématode phytoparasite ayant la plus grande incidence économique sur les cultures de fruits et légumes en Ontario. Les nématodes des racines font apparaître sur les poils absorbants de minuscules lésions semblables à des égratignures, qui ouvrent la voie à des infections par des organismes terricoles. Ces nématodes peuvent être une cause majeure des échecs de replantation dans les vergers. Ils peuvent aussi affaiblir les vergers établis de pêchers et de cerisiers.

Le type de sol, sa texture et son pH constituent aussi des facteurs déterminants dans les cas d'infestation par les nématodes. Les sols plus légers (comme le sable et le loam) peuvent connaître des infestations plus élevées de nématodes cécidogènes du nord, de nématode des racines et de nématodes à kyste du soya. Les densités de populations de nématodes à kyste du soja ont tendance à être plus élevées dans les sols dont le pH est de 7 ou plus.

Indices de la présence de nématodes dans les cultures

Les indices de la présence de nématodes diffèrent selon la culture et le type de nématode. Les infestations peuvent passer inaperçues même en cas de pertes de rendement importantes. Les symptômes en surface sont souvent confondus avec d'autres problèmes comme ceux d'une carence en nutriments, de dommages causés par un herbicide, du compactage du sol, de la sécheresse, d'une inondation ou de la pourriture des racines. On peut aussi observer certains signes de la présence de nématodes, surtout dans le cas des nématodes à kyste.

En général, une infestation par les nématodes peut présenter certains signes et symptômes, incluant :

  • le jaunissement des feuilles
  • la torsion des tiges et le gonflement des collets et des bulbes (causés par le nématode des tiges et des bulbes)
  • un retard de croissance ou une croissance inégale de la plante
  • une mauvaise implantation ou un problème d’enracinement du plant/du pied
  • un dépérissement de la plante au fil du temps
  • un faible développement racinaire et une décoloration des racines
  • des kystes, des nœuds, des lésions ou des galles sur les racines, selon le type de nématode
  • une ramification excessive des racines, la présence de racines à l’apparence velue

Une analyse d'échantillons de sol et de racines par des laboratoires accrédités constitue le seul moyen de confirmer la présence et la densité de populations de nématodes phytoparasites dans un champ. Avant de planter, il faut prélever des échantillons de sol à la recherche de nématodes dans les endroits où des cultures sensibles seront cultivées. On peut aussi prélever des échantillons de sol à l'automne, peu après la récolte, mais avant le gel.

Pour obtenir de plus amples renseignements, se reporter à la fiche technique du MAAARO, Échantillonnage du sol et des racines visant le dénombrement des nématodes phytoparasites (gov.on.ca). Il est possible aussi d'utiliser des échantillons de racines fraîches pour diagnostiquer un problème de nématodes, surtout pendant la saison des travaux dans les champs lorsque l'on soupçonne la présence de nématodes. Des populations de nématodes se situant au-delà des seuils de nuisibilité économique peuvent avoir une grande incidence sur le rendement. Ceux-ci sont déterminés d’après les populations initiales qui gonfleront au fil de la saison de croissance et qui causeront des dommages ayant une incidence économique. Le seuil de nuisibilité économique est exprimé en nombre de nématodes par kilogramme de sol ou par gramme de tissu racinaire séché et est souvent différent pour chaque culture et chaque espèce de nématode. Se référer à chaque culture et à chaque nématode nuisible spécifique pour connaître les seuils de nuisibilité économiques à privilégier.

Stratégie de lutte

La lutte contre les nématodes requiert une approche intégrée faisant appel à une combinaison de stratégies visant la prévention ainsi que la réduction de leurs populations. L'efficacité de ces stratégies dépend de l'espèce de nématode et de la culture. Ces recommandations ne constituent que des lignes directrices générales. Se référer aux renseignements propres à chaque culture et à chaque nématode phytophage pour une telle démarche.

Résistance génétique

  • La résistance génétique est plus courante contre les nématodes endoparasites comme les nématodes à kyste ou les nématodes à galles.
  • Planter des cultivars résistants ou tolérants si possible.
  • Faire une rotation des espèces pour varier les sources et réduire le risque de développement d’une résistance.
  • Faire alterner des variétés résistantes et des variétés susceptibles pour réduire le risque qu’une résistance ne se développe, surtout si aucune autre source de résistance aux nématodes n’est présente.

Pratiques culturales

  • Utiliser des semences certifiées de bonne qualité, exemptes de parasites du sol, ou des transplants ou des bulbes exempts de nématodes qui ont été cultivés par un reproducteur de plantes accrédité.
  • Éviter la culture sur plusieurs années consécutives de cultivars et de variétés sensibles.
  • Alterner les cultures sensibles et les cultures non-hôtes du parasite pendant plusieurs années (peu efficace contre le nématode à kystes).
  • Détruire les résidus de culture racinaires.
  • Laver l'équipement agricole pour enlever la terre avant de le déplacer entre des champs ou des vergers infestés.
  • Suivre les pratiques de conservation des sols afin de réduire les déplacements de sol entre les champs et les vergers.
  • Éviter d'utiliser des sources d'eau d'irrigation situées à proximité de champs infectés.
  • Dans les vergers, choisir des cultures couvre-sol à semer entre les rangs qui ne permettent pas la prolifération des nématodes, comme le ray-grass annuel ou vivace, ou la fétuque rouge traçante.
  • Maîtriser les mauvaises herbes puisqu’elles peuvent constituer de bons hôtes pour les nématodes.
  • Établir des cultures couvre-sol qui répriment les nématodes avant de mettre en place les cultures (voir Cultures couvre-sol contribuant à réduire les populations de nématodes, ci-dessous). Prévoir une stratégie de lutte intensive contre les mauvaises herbes là où sont cultivés les couvre-sol qui répriment les nématodes. 

Lutte chimique

  • Il est possible d'utiliser certains produits de fumigation du sol et des nématicides appliqués sur les semences et le sol pour quelques cultures. Les produits, les doses et d'autres renseignements sur l'application de fumigants et de nématicides sur les semences sont accessibles en effectuant une recherche sur la culture et le nématode nuisible en question.
  • La fumigation du sol convient mieux avant la plantation lorsque les populations de nématodes dans le sol atteignent ou dépassent les seuils établis. Se conformer aux directives figurant sur l'étiquette. Certains fumigants comportent de longues périodes de restriction de plantation après l'application, surtout si les conditions météorologiques sont mauvaises.

 

Cultures couvre-sol contribuant à réduire les populations de nématodes

Lorsqu'elles sont correctement utilisées avant la plantation, les cultures couvre-sol permettent de réduire les populations de nématodes phytoparasites. Cela dépend toutefois de l'espèce de nématode présente dans le champ. Certaines espèces de cultures couvre-sol répriment certains nématodes parasites tout en servant d'hôtes à d'autres, augmentant ainsi les populations de ces nématodes. Le trèfle et le sarrasin, en particulier, doivent être évités dans les champs où l'on trouve des nématodes des racines, car ils peuvent constituer d'excellents hôtes.

Les cultures couvre-sol répriment les nématodes de différentes façons:

En libérant des toxines qui tuent les populations de nématodes 

  • Les cultivars de plants de brassicacées utilisés comme couvre-sol pour réprimer les nématodes (p. ex. : les radis oléagineux et les moutardes) produisent des glucosinolates et une enzyme dans leurs feuilles, leurs tiges et leurs pétioles. Lorsque la culture couvre-sol est coupée (les moutardes doivent être coupées à la floraison) et immédiatement incorporée au sol, les glucosinolates sont convertis en isothiocyanates et autres composés, qui sont toxiques pour de nombreux nématodes phytoparasites. Certaines variétés de moutarde ont été créées pour produire des niveaux plus élevés de glucosinolates. Les seules exceptions concernent le nématode à kystes de la betterave et le nématode cécidogène du nord, pour lesquels les brassicacées peuvent être d'excellents hôtes.

En limitant ou en ne favorisant pas la prolifération des nématodes 

  • Le millet perlé fourrager canadien 101 est un mauvais hôte et il inhibe la capacité des nématodes des racines à se reproduire dans son système racinaire.
  • De nombreuses espèces de graminées sont de mauvais hôtes ou des non-hôtes de la plupart des nématodes les plus répandus en Ontario. Les choix possibles comprennent le ray-grass annuel, l'orge, le seigle céréalier, l'avoine et le blé.
  • Certaines variétés hybrides de sorgho x sorgho du soudan (sorgo-soudan).

 

Ressources additionnelles 

Guide agronomique des grandes cultures : http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/pub811/p811toc.html

Réseau de protection des cultures : https://cropprotectionnetwork.org/

Fiche technique du MAAARO, Échantillonnage du sol et des racines visant le dénombrement des nématodes phytoparasites : http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/facts/06-100.htm

Coalition contre le nématode à kyste du soya : https://www.thescncoalition.com

Outil de sélection du conseil des cultures de couverture du Midwest (comprend des renseignements sur la maîtrise partielle des nématodes) )- https://mccc.msu.edu/covercroptool/