Qu’est-ce que la résistance aux pesticides? 

La résistance aux pesticides est la capacité héritée d’un organisme nuisible (mauvaise herbe, agent pathogène, insecte, acarien, etc.) à survivre et à se reproduire après l’application d’un pesticide (herbicide, fongicide, insecticide, etc.) qui serait normalement mortel. Les populations de ravageurs contiennent une diversité naturelle qui résulte de mutations aléatoires. La pulvérisation de pesticides ne provoque pas la mutation responsable de la résistance. Un ravageur individuel possède des caractéristiques qui lui permettent de survivre ou non à l’exposition à un pesticide donné. La surutilisation d’un ou de plusieurs pesticides agissants sur un même site ciblera aussi les individus d’une population qui possèdent des gènes résistants, et puisque ces individus vont survivre aux applications, ils vont transmettre ces traits génétiques à la prochaine génération. La résistance se manifeste au niveau d’une population. Avec le temps, il y a de moins en moins d’individus sensibles dans la population, ce qui réduit l’efficacité du pesticide.

Les résistances ne sont pas toutes stables. Dans certains cas où la résistance n’est pas stable, les populations peuvent redevenir sensibles si la pression sélective du pesticide est supprimée. Cela se produit lorsqu’il y a un désavantage biologique associé au fait d’être résistant, comme la réduction de la taille, de la fertilité ou de la fécondité, la réduction de la taille et la réduction de la fertilité ou de la fécondité, des temps de croissance plus longs, une longévité réduite ou d’autres facteurs. Si les individus résistants sont désavantagés lorsque la pression est supprimée, leur fréquence dans la population diminuera. C’est ce qu’on appelle le coût d’adaptation. Malheureusement, la résistance n’est souvent pas associée à un coût d’adaptation et reste stable, même des décennies après qu’un produit ou un groupe de produits apparentés n’est plus utilisé.

La résistance des ravageurs peut se traduire par des coûts économiques pour le producteur. Des ravageurs résistants non maîtrisés pendant une période critique pour une culture peuvent entraîner des pertes directes. La résistance aux pesticides réduit les options disponibles pour la lutte contre les ravageurs et complique l’élaboration de stratégies de gestion de la résistance utilisant les produits chimiques restants. La découverte, le développement et l’homologation de nouveaux pesticides sont à la fois longs et coûteux. L’utilisation judicieuse de pesticides dans le cadre d’un programme plus large de lutte intégrée contre les ennemis des cultures aidera à réduire l’apparition des résistances.

Les pesticides doivent être considérés comme une ressource précieuse et non renouvelable pour la production agricole

Certains ravageurs sont plus enclins que d’autres à développer une résistance aux pesticides. Les ravageurs ayant un cycle de vie court et plusieurs générations par saison de croissance sont plus susceptibles de développer une résistance. Les systèmes de production qui ne permettent pas la migration d’individus sensibles à partir de zones non traitées (les serres par exemple) offrent peu de possibilités de réduire la proportion de gènes de résistance dans la population et sont plus exposés au développement de la résistance aux pesticides.

Deux concepts importants et connexes permettent de décrire les classes de pesticides : le mode d’action et le site d’action (ou site cible). En général, le mode d’action fait référence au processus cellulaire ou au processus physiologique qui est affecté par le pesticide. Par exemple, certains pesticides affectent les protéines impliquées dans la respiration cellulaire, tandis que d’autres affectent la croissance et le développement, les membranes cellulaires ou le système nerveux. Le site d’action désigne l’emplacement précis sur la protéine cible où la molécule de pesticide vient s’attacher. Par exemple, les insecticides composés de diamides activent les récepteurs spécifiques associés aux muscles (récepteurs de la ryanodine), épuisant les réserves de calcium dans des cellules, provoquant la paralysie de l’insecte. Les diamides font partie des insecticides du groupe 28 et sont classés par l’Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) en fonction de leurs sites d’action.

La résistance croisée est le résultat d’un seul mécanisme de résistance et peut se traduire par une perte d’efficacité de tous les produits d’un groupe de produits agissants sur un même site, et parfois entre des groupes agissants sur différents sites. Par exemple, les strobilurines (groupe 11 du Fungicide Resistance Action Committee, FRAC) s’attaquent à un site très particulier, et lorsque la mycoflore prédominante est résistante à l’un des fongicides du groupe (p. ex. la pyraclostrobine), les autres fongicides du même groupe (p. ex. l’azoxystrobine) ne sont plus efficaces, même s’ils n’ont jamais été utilisés.

Une multirésistance se définit par la résistance à plusieurs groupes de pesticides agissant sur différents sites où interviennent plus d’un mécanisme d’action. Cela peut se produire si un pesticide ou un groupe de pesticides apparentés est utilisé de manière excessive jusqu’à ce que la population de parasites présente une résistance, suivie d’une utilisation excessive de produits de remplacement. En Ontario par exemple, il existe des populations d’acnides tuberculées qui sont résistantes aux herbicides dont l’action porte sur 4 sites différents : imazéthapyr (groupe 2, WSSA), atrazine (groupe 5, WSSA), glyphosate (groupe 9, WSSA) et fomésafène (groupe 14, WSSA).

Le phénomène de résistance n’est pas seulement la conséquence d’une défaillance des pesticides. Avant de considérer qu’une population de ravageurs est résistante à un produit, il faut prendre en considération les facteurs suivants, qui peuvent avoir une incidence sur l’efficacité des produits de lutte contre les ravageurs :

  • L’omission de consigner de manière précise le stade de développement des ravageurs et son évolution au sein d’une culture
  • L’identification erronée des ravageurs
  • L’application d’un produit au mauvais stade de développement d’un ravageur au cours duquel le produit n’est pas efficace (p. ex. l’application au stade des œufs alors que le produit n’agit pas à cette période)
  • Un mauvais choix de pesticide
  • Une mauvaise utilisation d’un pesticide (p. ex. mauvaise dose, dégradation des ingrédients actifs à la suite d’une longue période d’entreposage)
  • La préparation inadéquate d’un pesticide (p. ex. mélange en cuve, utilisation d’adjuvants, pH, concentration du produit)
  • Pulvérisation/application du produit au mauvais moment (p. ex. moment de la journée, conditions météorologiques défavorables)
  • Équipement en mauvais état (p. ex. mauvais étalonnage, équipement mal entretenu, variabilité, buses usées, pression insuffisante)
  • Recouvrement insuffisant ou inadéquat du produit
  • Se fier uniquement aux pesticides pour maîtriser les ravageurs

Comment savoir si je suis en présence de ravageurs résistants?

Il n’est pas toujours évident de savoir pourquoi, après l’application de pesticides, des ravageurs sont toujours présents dans un champ à un niveau suffisamment élevé pour entraîner des conséquences économiques sur une culture. Utiliser la liste suivante pour savoir si l’inefficacité d’un pesticide est due à la résistance du ravageur :

  • Est-ce qu’un même pesticide agissant sur un même site a été utilisé pendant plusieurs saisons de croissance?
  • Le pesticide concerné a-t-il réussi à maîtriser le ravageur non maîtrisé lors des saisons passées?
  • À la suite de l’application du pesticide, les ravageurs (mauvaises herbes, insectes, agents pathogènes) ayant survécu se développent-ils bien?
  • Est-ce que tous les autres ravageurs sensibles ont été supprimés?
  • La maîtrise de ce ravageur a-t-elle diminué au cours des dernières années?
  • Des cas de résistance ont-ils été signalés dans le secteur ou ailleurs dans la province?
  • Ce ravageur est-il bien maîtrisé dans les fermes voisines?

La consignation et le signalement précoces sont des éléments importants de toute stratégie d’atténuation efficace. Si vous soupçonnez une résistance à un pesticide, communiquez avec votre agronome, votre laboratoire d’analyse ou le spécialiste du MAAARO.

Stratégies générales de gestion des résistances

L’utilisation de pratiques de gestion pour empêcher ou ralentir le développement de ravageurs résistants aux pesticides doit être mise en œuvre pour tous les pesticides, et non seulement lorsque surviennent des problèmes de résistance aux pesticides dans vos cultures. Pour être efficace, la gestion de la résistance aux pesticides doit être étendue à toute une collectivité. Lorsqu’une exploitation est touchée par un problème de résistance, celui-ci est habituellement irréversible et peut se répandre à l’ensemble des exploitations au fil du temps.

Au niveau du champ individuel, réfléchissez à la manière d’utiliser efficacement les stratégies de lutte intégrée contre les ravageurs, y compris les options de lutte culturales, mécaniques, biologiques et chimiques. Toute réduction de l’utilisation des pesticides entraînera une diminution de la pression de sélection sur la population du ravageur.

Voici quelques stratégies générales de lutte lorsque l’utilisation de pesticides est indiquée :

  • Connaissance du produit
    • Plusieurs produits chimiques composés de mêmes ingrédients actifs sont commercialisés sous différents noms de marques. Par exemple, le propicozanole est vendu sous les noms de marque Tilt, Jade, Bumper et Topas. Du point de vue de la gestion des résistances, il faut considérer que toutes ces marques contiennent le même produit.
    • Il est possible que différents produits chimiques présentent le même mode d’action. Par exemple, même si leurs ingrédients actifs sont différents, les produits Success (spinosad) et Delegate (spinetoram) sont classés dans le même groupe de produits de l’IRAC (groupe 5). Ainsi, des traitements successifs avec Delegate et Success sont équivalents à deux traitements successifs de Delegate, étant donné que la résistance aux deux produits apparaît au même moment, même si les traitements sont répétés à l’aide d’un même produit. Le même principe s’applique aux herbicides. Par exemple, Authority et Chateau font partie du même groupe d’herbicides (groupe 14). L’utilisation successive de Chateau après un traitement avec Authority pour la maîtrise des espèces d’amarantes équivaut à deux traitements successifs avec Chateau.
  • Utiliser en alternance des produits chimiques de différents groupes. Éviter une utilisation répétée de tout pesticide ou groupe de pesticides.
  • Il faut toujours respecter les directives sur l’étiquette du produit. Plusieurs produits doivent être utilisés selon des recommandations particulières en ce qui concerne le nombre maximal d’applications successives ainsi que le nombre maximal d’applications autorisées par saison de croissance.
  • Lors de l’application d’un pesticide, utiliser la dose, la période, le volume d’eau, la sélection de buses et le pH de l’eau appropriés. Les instructions d’application servent à maximiser l’efficacité des traitements tout en réduisant au minimum le développement des résistances.
  • Ne pas prendre de décisions sur les mélanges en cuve dans le pic des activités de traitement; le faire hors-saison. Avant de mélanger des produits antiparasitaires en cuve, s’assurer de ce qui suit :
    • Chaque produit mélangé en cuve est homologué pour son usage au Canada sur la culture visée et est appliqué conformément aux instructions de son étiquette
    • Le mélange en cuve de ces produits est autorisé et l’étiquette d’aucun des produits mélangés n’exclut le mélange du produit avec les autres constituants du mélange
    • Si plus d’un insecticide, fongicide ou herbicide est ajouté à un mélange en cuve, chacun des produits doit faire partie d’un groupe différent et présenter un mode d’action différent
    • Tous les produits peuvent être utilisés dans un mélange en cuve. Les problèmes de compatibilité peuvent entraîner une perte d’efficacité ou des dommages causés à la culture en raison d’interactions chimiques ou de problèmes dans la cuve même, comme l’incapacité d’obtenir un mélange homogène ou la formation d’un précipité
    • Le mélange en cuve ne comprend qu’un seul adjuvant lorsque l’étiquette de l’un des produits en fait mention, et cet adjuvant est compatible avec tous les autres produits
  • La gestion des résistances est une question qui doit être considérée pour chacun des ravageurs. Il arrive souvent que des produits appliqués contre un ravageur n’aient aucun effet sur un autre ravageur. Il faut savoir quels sont les produits efficaces sur les ravageurs présents dans le champ pour éviter les pratiques qui pourraient augmenter les risques de développer une résistance.
  • Si un traitement avec un produit homologué s’avère inefficace, ne pas utiliser ce produit une deuxième fois.
  • Après chaque application et pendant toute la saison de croissance, consigner soigneusement le type de produit utilisé. Noter l’efficacité du traitement en indiquant si des résultats positifs ont été obtenus.

Gestion des résistances aux fongicides

  • Il faut connaître les groupes de fongicides. Durant une saison de croissance, choisir autant que possible des produits appartenant à des groupes différents. Limiter le nombre total d’applications et le nombre d’applications successives de fongicides appartenant à un même groupe par saison de croissance. Voir si l’étiquette comporte des stratégies précises de gestion de la résistance. Par exemple, certaines étiquettes de produits précisent que le produit ne doit pas représenter plus d’un certain pourcentage des applications de la saison contre un ravageur en particulier.
  • Dans le cas des agents pathogènes les plus à risque qu’on peut combattre à l’aide de fongicides appartenant à de nombreux groupes, changer de groupe après chaque application d’un fongicide sujet aux résistances (selon le FRAC), et ce, même si l’étiquette n’en fait pas mention.
  • Lorsque c’est possible de le faire, et particulièrement pour les agents pathogènes les plus à risque, effectuer un mélange en cuve de deux fongicides efficaces, notamment ceux du groupe M du FRAC (mode d’action sur plusieurs sites) et d’autres fongicides agissant sur un seul emplacement qui sont efficaces contre l’agent pathogène cible.
  • Pour les agents pathogènes maîtrisés par seulement quelques groupes de fongicides homologués, utiliser plus de 2 applications consécutives d’un fongicide suivie d’un fongicide d’un autre groupe.
  • Il faut connaître les maladies qui sont ciblées par les différents groupes de fongicides utilisés. Pour les fongicides utilisés en association avec d’autres produits, il faut savoir quelle composant vise quelle maladie. L’utilisation en alternance des produits sera utile pour prévenir les résistances seulement si les deux ou l’ensemble des fongicides utilisés sont efficaces contre la maladie ciblée.
  • Lorsqu’un produit contient des ingrédients actifs provenant de plus d’un groupe, chaque application compte pour une utilisation individuelle pour chacun des groupes. Par exemple, une utilisation de Miravis Duo compte pour une utilisation individuelle de difénconazole (groupe 3) et une utilisation individuelle de pydiflumétofène (groupe 7).
  • Dans certains cas, un même groupe de fongicides peut combattre plus d’un agent pathogène; le nombre maximal d’applications consécutives et le nombre total d’applications par saison de croissance sont alors déterminés en fonction de l’agent pathogène qui risque le plus de devenir résistant.
  • Pour une gestion efficace, appliquer les fongicides avant l’apparition de la maladie, au stade recommandé de croissance de la culture. Les applications de fongicides après l’apparition de la maladie ont plus de chance de s’attaquer aux individus résistants parce qu’il y a davantage de ravageurs dans la population qui sont porteurs d’une mutation qui les rend résistants.
  • Utiliser les fongicides des groupes M et BM s’ils sont homologués. On dit de ces fongicides qu’ils sont des inhibiteurs multisites. Ces fongicides attaquent un large éventail de procédés métaboliques différents chez les champignons et sont moins susceptibles de favoriser le développement de résistances. Bien que ces produits ne présentent pas de risque d’apparition de résistance, il est recommandé d’appliquer quand même des stratégies de gestion des résistances.

Stratégie pour contrer la résistance aux insecticides et aux acaricides

  • Utiliser les seuils et les modèles des degrés-jours pour prédire les besoins en pesticides et le bon moment pour l’application des produits.
  • Envisager le recours aux techniques de confusion sexuelle lorsque cela est possible. Des moyens généraux de confusion mécaniques et physiques, notamment l’utilisation d’huiles d’été et d’huiles de dormance, ne présentent que peu de risques de développement d’une résistance aux pesticides.
  • Privilégier la lutte biologique en choisissant des pesticides moins nocifs pour les insectes utiles et en prévoyant l’ajout de plantes à fleurs dans les zones non couvertes par les pulvérisations, afin d’offrir des habitats à ces ennemis naturels des ravageurs. Cette mesure peut limiter le recours à des insecticides et à des acaricides, en particulier à ceux qui ciblent des ennemis indirects comme les pucerons et les acariens.
  • Connaître les groupes d’insecticides. Pratiquer une rotation entre les produits de différents groupes IRAC lorsqu’ils sont disponibles. Éviter les applications successives ou répétées d’un insecticide ou de produits appartenant au même groupe d’insecticides.
  • Les insecticides du groupe 4 ont été séparés en sous-groupes (4A = néonicotinoïdes, 4C = sulfoxafimines, 4D = buténilides). Les composés de ces sous-groupes sont différents par leur structure, mais ils s’attachent au même site. Le risque de résistance croisée entre ces sous-groupes est faible. Toutefois, là où il est possible de le faire, appliquer en alternance avec d’autres groupes de produits. Si seulement des insecticides du groupe 4 sont homologués contre un ravageur, mais que les produits de plus d’un sous-groupe sont utilisés, effectuer une rotation entre les sous-groupes seulement s’il est montré qu’il n’existe aucune résistance croisée dans les populations cibles.
  • Dans le cas des insectes qui ont plusieurs générations apparaissant à différentes périodes (p. ex. carpocapse de la pomme, tordeuse orientale du pêcher), appliquer contre chacune des générations des mesures de lutte distinctes s’apparentant à des « plages de traitement ». Utiliser des produits appartenant à un seul groupe d’insecticides pour lutter contre une génération donnée d’un ravageur. Si l’émergence de ce dernier ou l’activité de cette génération se prolonge, faire une deuxième application du même produit. De cette façon, chaque génération est exposée à un seul groupe. Utiliser en alternance des produits appartenant à un autre groupe ou à plusieurs autres groupes d’insecticides pour contrer les générations subséquentes. Éviter le mélange en cuve de deux produits de différents groupes s’il est prévu de traiter plus d’une génération par saison de croissance. Cela permet d’exposer à différents groupes d’insecticides les ravageurs de chaque génération qui n’ont pas encore été exposés au produit.
  • Dans le cas d’un ennemi dont les populations augmentent rapidement et dont les générations se chevauchent (p. ex. cicadelles, acariens), utiliser en alternance des produits de différents groupes d’insecticides à chaque pulvérisation. Pour les cultures à cycle court, il peut être nécessaire de tenir compte de la durée du cycle de la culture en tant que plage de traitement. Dans un tel cas, il est recommandé d’utiliser en alternance différents modes d’action au cycle suivant pour cette culture.
  • Éviter les applications inutiles ou répétées d’acaricides et pratiquer une rotation entre les produits de différents groupes. Sur de nombreuses étiquettes, on limite le nombre d’applications à une seule par saison de croissance. Envisager le recours à une rotation pluriannuelle d’acaricides, car on peut ainsi éviter que des acariens ne soient exposés à des produits ayant un mode d’action semblable plus souvent qu’une fois tous les trois ou quatre ans.
  • Choisir le moment de l’application des pulvérisations de manière à ce que le produit entre en contact avec le ravageur au stade de son cycle biologique le plus vulnérable. Pour maximiser l’exposition au produit, tenir compte du moment de la journée où les ravageurs sont les plus actifs et de l’emplacement de la culture. Par exemple, certains insecticides sont efficaces seulement contre les cochenilles lorsque les larves mobiles de l’insecte sont présentes.
  • Surveiller les ravageurs problématiques afin de détecter des changements de leur sensibilité à un groupe de pesticides.

Stratégie pour contrer la résistance aux herbicides

tiré du site : https://manageresistancenow.ca/fr/home-fr/ (autorisation accordée)

Alternance les cultures

  • L’alternance des cultures dans le champ à chaque saison de croissance est essentielle à la gestion de la résistance aux herbicides.
  • La rotation des cultures permet la rotation d’herbicides de différents groupes, ce qui rend difficile le développement de la résistance des mauvaises herbes à des produits ayant le même mode d’action.
  • Utiliser en alternance des cultures ayant des dates d’ensemencement et de récoltes différentes. On a montré que le risque que les mauvaises herbes développent une résistance est plus faible dans les cultures ensemencées à l’automne, les cultures fourragères ou dans les champs où trois types de cultures ou plus (p. ex. céréales, cultures oléagineuses, légumineuses alimentaires) sont cultivées sur une période de six ans.
  • Incorporer des cultures qui entrent en compétition avec les mauvaises herbes. Utiliser un éventail de différentes cultures comprenant un mélange de dicotylédones et de monocotylédones, semés à l’hiver et au printemps, ainsi que des plantes vivaces et annuelles dans votre rotation.

Mélanger et faire une alternance des herbicides

  • Utiliser les herbicides en alternance pendant une même saison de culture et entre les saisons de culture. Pour une efficacité accrue, utiliser des mélanges d’herbicides et effectuer une rotation entre les mélanges.
  • Alterner l’utilisation d’un herbicide avec un ou plusieurs autres groupes d’herbicides qui agissent contre les mêmes mauvaises herbes. Alterner les traitements dans le champ pendant une saison de croissance et lors de plusieurs années.
  • Les mélanges d’herbicides, c’est-à-dire la combinaison de deux herbicides ou plus ayant des modes d’action différents appliqués dans un seul mélange, doivent être utilisés pour retarder l’apparition des résistances à un herbicide. Il est possible de mélanger différentes combinaisons d’herbicides en respectant les instructions de l’étiquette des produits. Pour une efficacité maximale, utiliser les doses recommandées sur l’étiquette de chaque produit.
  • Utiliser un mélange d’herbicides et alterner avec un autre durant une saison de croissance ainsi que d’une saison à l’autre. Les mauvaises herbes développent facilement une résistance à des mesures de maîtrise simples et prévisibles. Le mélange et l’alternance des produits empêchent les mauvaises herbes de s’y habituer et apportent une diversité à votre plan de culture.
  • Pour qu’un mélange présente des modes d’action multiples, les différents modes d’action doivent toucher les mêmes espèces de mauvaises herbes. Si la cible est une espèce particulière de mauvaise herbe, il faut s’assurer que les herbicides utilisés ciblent bien cette espèce en particulier.
  • Envisager une application en couches d’herbicides à l’automne ou tôt au printemps si des mauvaises herbes apparaissent après une application au sol d’herbicides. Par exemple, faire suivre une application de produits avec différents modes d’action après l’émergence des mauvaises herbes, pour cibler les mêmes espèces de mauvaises herbes pendant la saison de croissance.

 Utiliser les doses et les périodes d’application recommandées

  • L’utilisation de doses d’herbicides selon les recommandations de l’étiquette peut contribuer à l’apparition des résistances. Utiliser la pleine dose ainsi que la période d’application et les volumes d’eau recommandés sur l’étiquette.
  • Faire l’inventaire des populations de mauvaises herbes avant la pulvérisation afin que votre stratégie de gestion des mauvaises herbes soit adaptée au contexte particulier du champ et du site. Faire un repérage dans le champ à la suite de l’application des pesticides pour savoir si l’application a permis une maîtrise efficace des mauvaises herbes ciblées.
  • Il n’y a pas d’herbicide qui soit efficace à 100 % contre une espèce de mauvaise herbe sensible. Parcourir le champ à la recherche de mauvaises herbes qui ont survécu à une application et s’assurer qu’elles ne se sont pas propagées ailleurs dans le champ.
  • Le choix des techniques de pulvérisation est important. L’application à courte distance lorsque le vent est faible permettra une application plus uniforme des produits. La rampe d’application doit être stable pour permettre le dépôt uniforme des gouttelettes. Il ne faut pas oublier aussi que le produit peut être moins efficace en périphérie ou aux endroits où on a changé la direction de la rampe, ce qui peut rendre les doses non mortelles et favoriser l’apparition d’une résistance aux herbicides.

Autres pratiques exemplaires de gestion des résistances aux herbicides

  • Consigner les données de manière précise afin de prendre des décisions éclairées pour la gestion de la culture dans chaque champ et même dans des sous-parties des champs.
  • Maximiser la compétitivité des cultures au moyen de pratiques agronomiques qui favorisent la compétition contre les mauvaises herbes comme l’ensemencement à taux de semis élevés.
  • Utiliser des techniques sanitaires contre les mauvaises herbes comme l’ensemencement durant les périodes où il n’y a pas de mauvaises herbes et l’application exclusive de fumier de compost pour réduire l’accumulation de semis dans le sol.
  • Prévenir et éliminer l’échappée aux traitements des mauvaises herbes, lorsque c’est possible de le faire, en bordure des champs et des clôtures. Ces endroits sont propices à la reproduction des mauvaises herbes, notamment les mauvaises herbes résistantes aux herbicides.
  • Envisager le travail stratégique du sol étant donné que la prévalence des résistances est plus élevée aux endroits où le sol n’est pas travaillé.
  • Communiquer avec un conseiller en culture qui connaît la biologie des mauvaises herbes et qui peut vous aider à régler les problèmes au besoin.

Ressources supplémentaires

Herbicide Resistance Action Committee https://hracglobal.com