La résistance est la capacité d’un organisme nuisible à survivre à la dose de pesticide qui suffisait auparavant à le maîtriser. La résistance à un pesticide apparaît à la suite d’expositions répétées à un produit précis ou à des produits de la même famille. Quelques individus qui présentent une résistance naturelle survivent après chaque application, alors que ceux qui sont sensibles sont éliminés. Les survivants résistants se multiplient et remplacent graduellement les individus sensibles. Tôt ou tard, la population est majoritairement composée d’individus résistants, contre lesquels le pesticide est désormais inefficace. La résistance aux pesticides peut apparaître très rapidement. Ne pas utiliser le même produit chimique de façon répétée, sauf s'il est utilisé en alternance avec un autre produit chimique ou en combinaison avec d'autres produits chimiques ayant un mode d'action différent.
De nombreux produits chimiques contenant les mêmes ingrédients actifs sont commercialisés sous divers noms de marque. Par exemple, le fongicide azoxystrobine est commercialisé sous plusieurs noms de marque, dont Quadris et Azoshy.
Des produits chimiques différents peuvent également avoir le même mode d'action, ou la même façon de maîtriser le ravageur. Les pesticides sont regroupés en familles ou en groupes chimiques, en fonction de leur mode d'action. Par exemple, les insecticides Up-Cyde, Decis et Pounce ont des ingrédients actifs différents, mais le même mode d'action, et font partie de la même famille d'insecticides, c'est-à-dire du groupe 3. L'utilisation en alternance de diverses matières actives au sein d'une même famille chimique équivaut essentiellement à une utilisation répétée de la même matière active. En effet, la résistance à tous les produits chimiques de cette famille se manifeste en même temps, même si une seule matière active a été utilisée à plusieurs reprises.
Certains ravageurs sont plus enclins que d’autres à développer une résistance aux pesticides. Les ravageurs ayant un cycle de vie court et de nombreuses générations par saison de croissance, tels que les pucerons, sont plus susceptibles de développer une résistance. Les ravageurs sont plus susceptibles d'acquérir une résistance aux pesticides qui ont un seul mode ou site d'action qu'à ceux qui ont plusieurs modes d'action.
Pour réduire le risque d'apparition d'une résistance chez les ravageurs, utiliser les stratégies suivantes :
- Connaître la matière active d'un pesticide. De nombreux produits chimiques composés de mêmes matières actives sont commercialisés sous différents noms de marques. Ne pas utiliser en alternance des produits chimiques ayant la même matière active.
- Connaître le groupe ou la famille de pesticides. Éviter l'utilisation répétée de pesticides appartenant au même groupe ou sous-groupe chimique en utilisant en alternance des produits appartenant à des groupes chimiques différents. Les étiquettes des pesticides et les fiches de produits du Portail ontarien pour la protection des cultures indiquent le groupe ou la famille chimique de chaque produit. Voir le tableau ci-dessous pour une liste des groupes d'insecticides et de fongicides et de leurs modes d'action.
- Utiliser la lutte chimique uniquement lorsque cela est nécessaire et envisager la mise en œuvre d'autres formes de lutte (par exemple, la rotation des cultures, l'utilisation de cultivars résistants, etc.) ou la lutte biologique pour aider à réduire le risque qu'un ravageur ou une maladie n'acquière une résistance à un pesticide. Les principales stratégies de gestion des maladies doivent minimiser les conditions qui favorisent l'apparition des maladies. Il s'agit notamment de l'assainissement, du maintien de niveaux optimaux d'humidité et de nutriments, et de la manipulation de divers facteurs (par exemple, la lutte contre les drageons au moment opportun). Pour obtenir des renseignements détaillés sur les insectes ravageurs et les maladies, ainsi que sur les stratégies de lutte antiparasitaire intégrée (LAI) permettant de les gérer, consulter la publication 842 du MAAARO, Guide de la production du tabac jaune.
- Ne pas excéder le nombre total d'applications ou la quantité totale de produit autorisée par an pour chaque produit. Ne pas appliquer le produit à des doses inférieures à celles indiquées sur l'étiquette.
- Surveiller les populations d'insectes ravageurs récemment traitées pour déceler les signes de résistance.
- En cas d'échec de la lutte après l'utilisation d'un produit homologué, ne pas appliquer de nouveau le même pesticide.
Pour obtenir des renseignements généraux sur la gestion de la résistance dans toutes les cultures, voir Gestion de la résistance aux pesticides. Voir l'étiquette du pesticide pour obtenir des renseignements propres au produit en matière de gestion de la résistance.
Les tableaux ci-dessous résument le mode d'action et le numéro de groupe des produits de lutte contre les insectes et les maladies homologués pour le tabac jaune en Ontario.
Tableau 1 - Groupes d'insecticides basés sur le mode d'action
Le système de classification ci-dessous est basé sur les renseignements fournis par le groupe de travail sur le mode d'action de l'Insecticide Resistance Action Committee. Les produits portant le même numéro de groupe ont un mode d'action similaire. Pour obtenir des détails sur ce système de classification, consulter le site www.irac-online.org/.
N° de groupe | Site primaire d'action | Nom de groupe | Nom(s) de produit |
1A1 |
Inhibiteurs de l'acétylcholinestérase Action des nerfs |
carbamates | Sevin XLR |
1B1 | organophosphates | Lorsban 4E, Lorsban 50W, Lorsban NT, Pyrinex 480 EC, Sharphos, Orthene 97 SG, Warhawk 480 EC | |
3A |
Modulateurs du canal sodique Action des nerfs |
pyréthroïdes, pyréthrines | Decis 100 EC, Malathion 85E, Pounce 384 EC, UP-Cyde 2.5 EC |
4A |
Agonistes de récepteur nicotinique de l'acétylcholine Action des nerfs |
néonicotinoïdes | Assail 70WP, Aceta 70WP, Admire 240F |
11 |
Perturbateurs microbiens des membranes de l'intestin moyen des insectes |
Bacillus thuringiensis | DiPel WP, Thuricide HPC, Bioprotec Plus |
1 Tous les produits du groupe 1 peuvent ne pas présenter une résistance croisée, bien qu'ils partagent le même site cible primaire et le même mode d'action. Pour cette raison, le groupe 1 est divisé en sous-groupes, les groupes 1A et 1B, chacun ayant des mécanismes de résistance différents. Il convient de supposer que la résistance croisée existe entre les pesticides de chaque sous-groupe, mais que la rotation des pesticides entre les sous-groupes est une composante acceptable d'un programme de gestion de la résistance. |
Tableau 2 - Groupes de fongicides basés sur le mode d'action
Ce système de classification est basé sur les renseignements fournis par le comité d'action sur la résistance aux fongicides pour distinguer les groupes de fongicides en fonction de leur comportement en matière de résistance croisée. M = inhibiteur multisites, U = mode d'action inconnu et risque de résistance inconnu, NC = non classé. Pour obtenir de plus amples renseignements sur ce système de classification, consulter le site www.frac.info et rechercher « frac code list. »
N° de groupe | Mode d'action (Site cible) | Nom de groupe | Nom(s) de produit(s) | Risque d'apparition d'une résistance |
1 |
Mitose et division cellulaire |
carbamates de méthylbenzimidazole |
Senator 50 SC |
Élevé |
4 |
Synthèse des acides nucléiques |
phénylamides |
Ridomil Gold 480 SL |
Élevé |
11 |
Respiration (complexe III : cytochrome bc1) |
QoI (inhibiteur de la quinone extérieure) |
Quadris Azoshy 250 SC Reason 500 SC |
Élevé |
43 |
Mitose et division cellulaire (délocalisation des protéines de type spectrine) |
benzamides |
Presidio |
Résistance inconnue |
P03 |
Inconnu |
phosphonates |
Aliette WDG |
Faible |