Volume du liquide porteur et recouvrement 

Lorsque l’étiquette du pesticide ne comporte pas de recommandation sur le volume du liquide porteur, l’opérateur chargé de la pulvérisation doit déterminer le volume approprié. Utiliser suffisamment de volume porteur pour disperser ou dissoudre le produit afin de répartir uniformément les gouttelettes sur les surfaces ciblées, sans toutefois exagérer afin d’éviter le ruissellement du surplus de solution. Le degré de contact entre la bouillie et les surfaces ciblées qualifie le recouvrement, lequel représente le pourcentage de la surface recouverte combiné à la densité des gouttelettes sur cette surface. L’opérateur doit tenir compte de quelques facteurs pour décider du volume approprié :

  • Le degré de recouvrement requis reflète le mode d’action du produit utilisé. Ainsi, un pesticide de contact exigera une densité de gouttelettes plus élevée qu’un pesticide systémique local (dont la distribution dans les tissus végétaux est plutôt limitée). Un acaricide qui doit être pulvérisé de manière à saturer le tronc est une application diluée qui entraîne souvent du ruissellement. Dans le cas des régulateurs de croissance des végétaux, les exigences de recouvrement sont très spécifiques et ne devraient pas être généralisées. 
  • L’emplacement et la nature de l’ennemi ciblé. Si, par exemple, la cible est un insecte mobile que l’on trouve surtout sur la surface supérieure des feuilles, le volume de liquide porteur requis sera probablement moindre que dans le cas d’une maladie qui se manifeste à l’intérieur du feuillage. De plus, l’orientation et la texture de la surface de la culture visée auront un effet sur la manière dont la bouillie persiste sur le feuillage et se répand.
  • L’effet des conditions du milieu, de la conception du pulvérisateur ainsi que de la taille, la densité et le stade de croissance de la culture. La quantité de volume de liquide porteur requise pour bien recouvrir toutes les surfaces dépend de l’importance de la couverture foliaire à protéger par hectare. Un volume plus important est requis lorsque le pulvérisateur est mal réglé, par temps sec ou venteux et quand la distance jusqu’à la surface visée est longue ou sinueuse (comme la cime des arbres ou l’intérieur de frondaisons non élaguées). 

Pour comprendre la relation entre le volume du liquide porteur et le recouvrement, l’opérateur a besoin d’un signe concret. L’évaluation visuelle du degré d’humectation du feuillage ou de présence de résidus de pulvérisation est insuffisante, car elle demeure subjective et momentanée. L’utilisation de papier hydrosensible et oléosensibe réparti dans le feuillage constitue un moyen rapide, que l’on peut reproduire et quantifier pour évaluer le degré de recouvrement. La plupart des produits foliaires courants exigent un recouvrement minimal de 10 à 15 % et une densité de gouttelettes de 85 gouttelettes/cm2.

Des applications pour téléphone intelligent comme le SnapCard du GRDC  (https://www.agric.wa.gov. au/grains/snapcard-spray-app) permettent de calculer rapidement et de consigner le degré de recouvrement pour consultation ultérieure en fonction du niveau de protection obtenu. Pour plus d’information concernant l’évaluation du recouvrement, voir le site Web de Sprayers101 à  www.sprayers101.com et utiliser le mot clé anglais « coverage » dans le moteur de recherche. Télécharger un exemplaire de Airblast 101, Manuel des meilleures pratiques de la pulvérisation à jet porté (https://sprayers101.com/airblast101/)

Marche à suivre générale pour les mélanges 

  1. Lire les étiquettes de tous les produits — Prendre connaissance de la formulation du produit, laquelle influe sur la méthode à utiliser pour préparer le mélange et sur l’ordre d’ajout des produits dans la cuve. S’informer de l’effet du pH et de la dureté du liquide porteur et de toute exigence concernant les adjuvants. Se reporter au mode d’emploi décrit sur l’étiquette s’il diffère de la présente marche à suivre. 
  2. Bien agiter tous les produits liquides — Cette mesure permet de mélanger entièrement la matière active avec les ingrédients inertes. 
  3. Ajouter le liquide porteur à la cuve — S’il s’agit d’eau, remplir la cuve à moitié avec le volume requis. S’il s’agit d’huile, remplir à 75 %.
  4. Agiter — L’agitation devrait se poursuivre tout au long du mélange. Une agitation excessive peut entraîner la formation de mousse. Si possible, réduire le degré d’agitation ou utiliser un adjuvant antimousse (dont la moitié doit être ajoutée au cours de l’étape 3, et le reste à l’étape 7.) 
  5. Ajouter les ingrédients dans l’ordre indiqué —  La formulation du produit détermine l’ordre d’ajout des produits qui sont mélangés. Se reporter à la section ci-dessous, Ordre d’ajout des produits selon la formulation. Si on utilise un inducteur, rincer à l’eau avant chaque ajout.
  6. Attendre et vérifier —  Les produits secs et les emballages hydrosolubles doivent se disperser ou se dissoudre entièrement avant l’ajout d’un autre produit. Plusieurs facteurs influent sur la durée de dissolution, mais le processus dure habituellement de 3 à 5 minutes.
  7. Ajouter le liquide porteur qui reste.
  8. Mesurer le pH — Il est préférable de prendre la mesure du pH après que tous les produits ont été ajoutés afin de pouvoir tenir compte de leur effet sur le pH de la bouillie et de leur pouvoir tampon. Au besoin, on peut ajouter un modificateur de pH à la fin du mélange afin de s’assurer que le pH de la bouillie se situe dans les limites exigées sur l’étiquette.

Ordre d’ajout des produits selon la formulation 

Les étiquettes de produit mentionnent habituellement des instructions relatives au mélange des différents produits notamment en ce qui a trait l’ordre d’ajout des ingrédients dans la cuve, et il est très important de respecter cet ordre.

  1. Formulations sèches — Ces formulations comprennent les granulés dispersables dans l’eau, les poudres mouillables et les granulés solubles. Ces produits prennent plus de temps à se dissoudre ou à se disperser complètement. On recommande de prémélanger des produits avec de l’eau avant d’ajouter la bouillie à la cuve.
  2. Adjuvants antidérive, agents de compatibilité ou adjuvants antimousse — Se reporter aux étiquettes, car ces produits peuvent exiger de nombreux ajouts ou selon un ordre différent de ce qui est décrit ici.
  3. Formulations liquides — Les formulations liquides de pesticide se mélangent à l’eau pour former une solution. Certains pesticides peuvent être à base d’huile, comme les concentrés émulsifiables (EC), et former une émulsion opaque (laiteuse) qui doit être agitée modérément et peut avoir tendance à mousser.

Emballages hydrosolubles 

Les emballages hydrosolubles sont souvent utilisés pour les formulations sèches. Le matériau hydrosoluble l’APV (alcool polyvinylique) doit se dissoudre complètement lorsqu’il est ajouté à l’eau de la cuve (et non au panier). Protéger ces emballages de l’humidité en les conservant dans leur suremballage jusqu’à l’utilisation et ne pas les manipuler avec des gants humides. Les refermer hermétiquement afin de protéger les quantités restantes.

Ne pas mélanger les emballages hydrosolubles avec tout produit incompatible avec l’APV utilisé comme matériau d’emballage, ce qui inclut les résidus associés à des applications antérieures des produits suivants :

  • des huiles (p. ex. l’huile Supérieure);
  • les formulations de concentrés émulsifiables contenant de l’huile minérale ou végétale;
  • du bore;
  • des oligoéléments chélatés;
  • des engrais hydrosolubles. 

Compatibilité des formulations à pulvériser 

Le mélange en cuve consiste à ajouter plus d’un produit formulé dans la cuve au cours de la même opération à des fins de rentabilité, de gestion des résistances et d’amélioration de l’efficacité des produits. Toutefois, les risques d’incompatibilité augmentent avec le nombre de produits mélangés dans la cuve.

Des produits physiquement incompatibles peuvent épaissir la bouillie ou provoquer la formation de mousse. Les ingrédients risquent aussi de se séparer ou de se déposer, ce qui nuit à l’uniformité du recouvrement ou peut bloquer ou endommager le matériel. L’incompatibilité chimique (c.-à-d. par antagonisme ou synergie) peut réduire l’efficacité du pesticide ou causer des dommages aux cultures au moment de la pulvérisation.

Consulter l’étiquette ou communiquer avec le fabricant ou le distributeur pour de l’information sur la compatibilité des produits. Ne pas prendre de décisions sur les mélanges en cuve dans le pic des activités de traitement, mais plutôt hors-saison. Avant de mélanger en cuve des produits de lutte antiparasitaire, s’assurer que les consignes suivantes sont respectées :

  • chaque produit est homologué pour son usage au Canada sur la culture visée; 
  • chaque produit mélangé en cuve est appliqué conformément à son étiquette;
  • le mélange en cuve comprend un adjuvant uniquement lorsque celui-ci est requis spécifiquement par l’étiquette de l’un des produits mélangés en cuve;
  • les périodes d’application de tous les produits mélangés en cuve sont compatibles avec les stades de croissance des cultures et des organismes nuisibles;
  • l’étiquette d’aucun des produits mélangés n’exclut le mélange du produit avec les autres constituants du mélange.

Les étiquettes de produits homologués peuvent être téléchargées à partir du site Web de Santé Canada à https://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php. Rechercher les mots clés suivants :

  • Ne pas mélanger 
  • Mélanger
  • Heures
  • Agitation
  • Marque de commerce de tout produit à utiliser en association dans un mélange en cuve 

Vérification de la compatibilité par un essai de floculation  

Si aucune mention concernant les compatibilités n’est précisée sur les étiquettes, ou qu’un nouveau mélange en cuve est envisagé, effectuer un essai de floculation pour vérifier la compatibilité physique des produits. Prendre note que cet essai ne vérifie pas la compatibilité chimique. Ces essais doivent se dérouler dans un endroit sécuritaire et bien ventilé, à l’abri de toute source d’inflammation. Toujours porter de l’équipement de protection individuelle (ÉPI). 

  1. Mesurer 500 mL d’eau dans un bocal de verre de 1 L. S’assurer d’utiliser le même liquide porteur et à la même température que celui qui est utilisé dans le pulvérisateur.
  2. Ajouter les ingrédients dans l’ordre présenté au tableau 2–3. Ordre d’ajout des produits en cuve pour en vérifier la comptabilité, en agitant le mélange après chaque ajout.
  3. Laisser reposer la solution dans un endroit ventilé pendant 15 minutes et observer les résultats. Les ingrédients ne sont pas compatibles si le mélange dégage de la chaleur. Si de l’écume ou un gel se forme ou si des solides se déposent au fond (sauf dans le cas des poudres mouillables), c’est que le mélange n’est probablement pas compatible.
  4. Consigner les résultats et garder les bocaux pour la durée de la saison. On pourra vérifier si les produits ont tendance à se déposer ou à se séparer après une période d’immobilité prolongée (comme en laissant le pulvérisateur sur place durant la nuit). On pourrait aussi observer certains problèmes potentiels au cours de la remise en suspension ou du nettoyage.

En cas d’incompatibilité physique constatée dans le pulvérisateur, ne pas ajouter immédiatement de l’eau, de l’ammoniac, des surfactants non ioniques ou des détergents à la cuve, au risque de causer d’autres problèmes. Communiquer d’abord avec le fabricant ou le distributeur pour plus d’information. Procéder ensuite à un essai de floculation inverse en prélevant un échantillon dans la bouillie pour tenter de remettre un petit volume de la bouillie en suspension avant de le faire dans le pulvérisateur. Si on réussit à remettre la solution en suspension, elle est toutefois probablement périmée et doit être jetée.

Pour plus d’information sur la manipulation des pesticides et la sécurité des opérateurs, se reporter au cours sur l’utilisation sécuritaire des pesticides du Programme ontarien de formation sur les pesticides (POFP) (www.opep.ca/resources).

Ordre Ingrédient

Quantité pour 500 mL ou 500 g de produit dans 1 000 L de bouillie 

 1 agents de compatibilité 5 mL (1  c. à thé)
 2

granulés dispersables dans l’eau, poudres mouillables et pâtes granulées. Ajouter environ un échantillon de l’APV de l’emballage d’environ 1cm2

15 g (1 c. à table)
 3 retardateurs de dérive liquides  5 mL (1 c. à thé)
 4 concentrés liquides, microémulsions et concentrés en suspension  5 mL (1 c. à thé)
 5 concentrés émulsifiables  5 mL (1 c. à thé)
 6 concentrés hydrosolubles ou solutions   5 mL (1 c. à thé)
 7 surfactants et adjuvants restants  5 mL (1 c. à thé)