La température, la lumière et l’humidité influent sur la croissance et le développement des végétaux et des ravageurs. De tous ces facteurs, la température est celui qui a le plus d’effet sur la croissance des insectes et des acariens. Ces ennemis ont besoin d’une certaine quantité de chaleur pour passer à chaque nouveau stade de croissance.

La quantité de chaleur dont les insectes et les acariens ont besoin pour passer d’un stade de croissance à un autre est la même d’une année à l’autre, mais le temps dont ils ont effectivement besoin pour compléter leur croissance peut varier selon les conditions atmosphériques.

À chaque insecte et acarien sont associées une température de base minimale (inférieure) et une température de base maximale (supérieure), au-dessous et au-dessus desquelles il n’y a pas de croissance. Ces températures de base sont différentes pour chaque ennemi. Ainsi, la température de base minimale pour le carpocapse de la pomme, la tordeuse orientale du pêcher et la tordeuse à bandes obliques (génération d’été) est respectivement de 10 °C, 7,2 °C et de 6,1 °C.

Les degrés-jours Celsius (DJC) servent à évaluer la croissance et le développement des ravageurs durant la saison de croissance. Ils permettent de prévoir à quel moment surviendront des événements comme le pic de l’activité de ponte, l’éclosion des œufs, la migration des larves ou l’apparition d’une maladie, information qui sert ensuite à planifier le calendrier de surveillance et les programmes de pulvérisations. Par exemple, les degrés-jours peuvent permettre de prévoir le moment où surviendront l’éclosion des premiers œufs de carpocapses de la pomme ou le pourcentage d’ascospores de la tavelure du pommier qui sont parvenues à maturité dans le verger. 

Plusieurs méthodes permettent de calculer les DJC, mais celle qui est habituellement utilisée avec du matériel de surveillance ordinaire est la méthode de la moyenne ou du « max./min. ». Les DJC pour un ennemi en particulier sont calculés comme suit :

DJC = (°C quot. max.)+(°C quot. min.) / 2 – °C de base min. 

Les DJC s’accumulent quotidiennement. La méthode de la moyenne fonctionne plutôt bien la plupart du temps, mais elle peut mener à des erreurs dans le choix du moment des traitements lors des longs printemps frais ou des étés très chauds, parce qu’elle peut soit sous-estimer les DJC réels dans le premier cas ou les surestimer dans le second.

Voici un exemple des résultats obtenus par la méthode de la moyenne pour une journée de printemps relativement fraîche :

Pour un ennemi donné : 

Température de base minimale = 10 °C

Température de base maximale = 35 °C

Pour une journée donnée :

Température minimale = 5 °C

Température maximale = 15°C

Nombre de DJC accumulés au cours de cette journée = (température maximale + température minimale)/2 – température de base minimale = (15 + 5)/2 – 10 = 0 DJ

La température maximale était plus élevée que la température de base applicable à l’insecte, de telle sorte que la croissance et le développement étaient possibles pendant au moins une partie de la journée. Cependant, aucun DJC ne fut accumulé. Cet exemple illustre comment les températures fraîches, particulièrement au cours de plusieurs journées, peuvent mener à une sous-estimation du développement des insectes. 

Les DJC commencent à s’accumuler soit à partir d’une date précise, comme le 1er avril de chaque année, soit à partir d’un repère biologique précis, qui correspond à un événement en particulier. Un repère biologique est un événement biologique ou un indicateur d’un événement lié au développement à partir duquel commence le calcul des DJC. Un repère souvent utilisé dans le cas des insectes est la première capture substantielle de l’insecte dans les pièges à phéromones. L’utilisation d’un repère biologique conduit à des prévisions plus précises et permet d’abréger la période de surveillance des températures.

Les modèles de degrés-jours comportent plusieurs limites :

  • Des facteurs comme l’humidité, l’intensité de la lumière et les précipitations ont aussi un effet sur le développement des ennemis des cultures. Par conséquent, les prévisions fondées sur les DJC ne fournissent qu’une estimation du développement de l’ennemi, estimation qu’il reste à valider à partir des observations recueillies sur le terrain.
  • Les températures utilisées pour déterminer les DJC doivent correspondre au milieu dans lequel les ennemis se développent. Utiliser des données provenant d’endroits situés dans un rayon d’au plus 2 km du verger ou du champ qui fait l’objet de la surveillance. Se servir d’enregistreurs de données pour obtenir une information localisée. Munir d’écrans thermiques ventilés les enregistreurs de données avec capteurs thermiques pour assurer l’exactitude des températures de l’air. Placer les enregistreurs de données à des emplacements où les ennemis de la culture sont normalement actifs.
  • Des modèles de DJC ont été mis au point et validés pour quelques ennemis seulement des cultures fruitières en Ontario. Utiliser des données de température précises mesurées à la ferme ou très localement pour avoir une bonne idée de la croissance des ennemis à combattre.